changer de masques

Je me suis prise bien trop au sérieux.


Quand j’ai eu mon premier éveil spirituel, ma réaction initiale a été : « Pourquoi moi ? »

Pourquoi moi, pourquoi dealer avec ça, c’est beaucoup, c’est trop.

Il y avait une inconscience confortable, avant ça. Je pouvais être n’importe quoi sans me responsabiliser, puisque je ne savais pas. Et puis, subitement, alors que je “prenais conscience”, il fallait “faire le travail”.


Plus tard, alors que je vivais des expériences incroyables et extraordinaires, et à mesure que je vivais de plus en plus de succès professionnel dans un domaine relativement marginal, j’ai porté cette histoire de :

« Je suis différent·e. »

Je me suis mis des étiquettes — un peu pour savoir qui j’étais, un peu pour reconnaître mon niveau d’expertise. Des étapes nécessaires.

Guide. Leader. Shamanatrix. Domina.
Accompagnatrice. Experte. Entrepreneure.


J’ai des idées un peu folles. Les gens me suivent.
J’imagine, je crée, je facilite des espaces qui changent la vie des gens.


Pendant longtemps, j’ai résisté à prendre ma part de responsabilité quant à cet impact.
Et puis, j’ai vu. J’ai compris des choses. J’ai eu peur.
Et j’ai pris trop de responsabilités.

Dynamiques de pouvoir. Projections. Impacts. Risques.

.

Ça fait près de dix ans que j’étudie l’humain — à commencer par moi-même. Je suis fascinée. Trauma, système nerveux, attachement, mécanismes d’adaptation, éveil spirituel, plaisir, présence, sxualité, intimité, conscience, kinks, shadows, archétypes, relations… et j’en passe. Ma curiosité est infinie.

Je ne sais pas tout — mais je sais beaucoup.


Sept ans que j’ai créé une communauté, une business qui rassemble des gens chaque semaine, et qui s’est placée comme une référence à Montréal dans le monde « conscient ».


Les gens me (re)connaissent. M’admirent. Me remercient.

Il y a des jours où je suis fatigué·e.

Comment trouver l’équilibre entre ces rôles “publics”, sans m’y identifier complètement — et sans m’y perdre ?

J’ai fait le grand écart. Je suis, et je ne suis pas. Une danse entre l’attachement identitaire au rôle et la peur d’être étouffée.


Regardez-moi ! Ne me regardez pas comme ça !
C’est lourd d’avoir votre attention ! Everyone wants a piece of me!
Mais j’aime ça !


Je suis un pont.
Ici, et là-bas.
Et un pont, il appartient à quelle rive ?


La vérité, c’est qu’après toutes ces années, j’ai fini par assumer :

J’adore ce rôle. J’adore inspirer, diriger, suggérer, rêver, créer. J’aime être reconnu·e. J’aime recevoir de la gratitude. J’aime savoir qu’il y a un peu de moi dans les autres, et des autres dans moi. C’est tellement valorisant.

J’aime le pouvoir qui vient avec — ou à travers. J’aime être une pionnière qui crée le chemin. Je suis fier·e de ce que j’ai accompli.
J’aime rencontrer d’autres leaders et me sentir à ma place.


Mais pour pouvoir intégrer ces aspects, pour qu’ils soient équilibrés, ça me demande d’incarner d’autres facettes. 

De sortir de ma zone du connu — qui, bien qu’immense, finit toujours par devenir inconfortable.

De me challenger en me mettant en contact avec des réalités différentes de la mienne.

De m’autoriser à être vulnérable, changeante, imparfaite.
De faire de la place à l’enfant.
De mélanger tout ça dans mon métier.

Et surtout —
de ne pas me prendre trop au sérieux.

Une autre danse, encore — entre projections et réflexions. 

Je suis la somme des projections que je reçois, et je peux aussi choisir celles que je décide de refléter.

Je peux prendre les responsabilités associées au rôle, et aussi faire des erreurs de jugement.

Je peux sortir de la boîte dans laquelle je me suis mise, en créant des espaces pour exister sous une autre perspective.


Pour faire un peu plus de place.
Pour apporter un peu plus de légèreté.

Pour que le leadership et le pouvoir ne soient pas toujours associés à la gravité.

Pour que je reste humaine, aussi.


On ne s’épuise pas à trop travailler. On s’épuise de ne pas faire de choses qui nous nourrissent.

Changer de masque.
Ou le mettre en conscience.

Assumer mes désirs, mon plaisir, mes attachements.
Et rire.
Et rire.



Parce que la vie est vraiment plus intéressante quand je me donne la permission de jouer. 🎭

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