no drama

Il ya une période de ma vie où j'étais obsédée par le "Drama".

(avec un D majuscule parce que c'est un sujet sérieux) 

 

C'est peut être mon héritage français, mon éducation à travers les livres et le cinéma qui m'ont donné l'impression qu'une relation amoureuse devait être intense, passionnée, brulante, et pleine de crises et de conflits pour être vivante et légitime.

Que la vie devait être pleine d'obstacle à surmonter, et souffrir un peu au passage, pour que ça vaille la peine. 


Mais criss, que ça faisait mal, et que c'était pas très fonctionnel.


Et puis en cherchant des "solutions" à mes "problèmes", je suis tombée dans la marmite du "développement personnel". 

Je mets des guillemets autour du terme, tsé, parce que ça veut tout dire et rien dire. 

"Développement personnel"... cette grosse soupe touski* qui rassemble diverses techniques et pratiques et modalités avec pour intention d'aller mieux. 

Parce que, qui ne veut pas se sentir plus heureux dans sa vie ?


Je juge pas. J'en ai fait mon métier.


Sauf que, avec développement personnel vient "Le Travail".

(autre sujet sérieux) 

I'm doing the work. 

THE WORK. 

(imagine ça écrit en gros gras et néon qui clignote comme une enseigne qu'on porte pour dire "je suis de ces gens là....") 


J'ai porté avec moi cette croyance que "Le Travail" doit être difficile. Presque sacrificiel. 

Du process en veux-tu en voilà.

Allons voir les trucs denses, les émotions inconfortables, les dynamiques inconscientes, les ombres, le trauma, l'attachement - je suis devenu.e spécialiste.

Tous ces buzzwords. J'ai plongé dedans. 


C'est fascinant. Le truc incroyable avec "Le Travail", c'est qu'il yen a toujours plus. On peut creuser. Encore, et encore. 


J'ai creusé à un point tel que certaines de mes relation sont devenues à propos de la relation - un objet s'observant lui-même. Auto-Fascination.

J'ai sacrifié beaucoup de choses sur l'autel de mon Temple - parce que je fais un métier de passion, un métier supposé "changer le monde" (ou du moins aider les gens à le rendre meilleur), je me suis convaincu.e que le chemin devait être difficile.


Héritage judéo-chrétien ? Anxiété ? Drame Dostoievskien ? Chambre d'écho... ?


Qu'elle qu'en soit l'origine, il ya presque un an, j'ai décidé que je voulais choisir ce qui était difficile - et d'inviter l'aisance et la facilité dans ma vie (ease). 

Je ne sais pas ce qui a shifté - est-ce les 10 ans de "Le Travail" sur moi qui ont permis de "guérir" mon anxiété ? Une perspective spirituelle d'acceptation ? Ou le fait d'avoir perdu quelque chose de tellement important que je n'avais plus peur de perdre ? (et aussi - passer 4 ans avec quelqu'un qui semblait avoir trouvé le cheat code à la vie)


Oui j'ai des privilèges - on m'a dit il ya quelques jours "oui mais toi t'as pas peur de pas pouvoir payer tes factures quand tu crashes". Ok cool - ma situation financière (pour laquelle j'ai travaillé dur) m'enlève un certain stress.


Et le reste ? 


Ma perspective sur le monde a changé. Simplement. 

Je vis encore toutes sortes d'émotions et de situations que je pourrais qualifier de "difficiles" - et pourtant - j'arrive à y trouver du plaisir, ou une forme de confort.

Je célèbre mes émotions, je n'en ai plus peur. J'ai des "grief-gasms" (orgasmes de deuil), et des "rage-gasms". 

J'ai des challenges. Je les aborde avec curiosité, comme un cool puzzle à résoudre - mon esprit ADORE les puzzles - c'est pour ça que j'ADORAIS le Drama.

Aujourd'hui je choisis les puzzles sur lesquels porter mon attention. 

Et je choisis la perspective avec laquelle les aborder. 



Le Drama fait encore partie de ma vie - comme ce jour à ma fête où je me suis mise à pleurer comme une enfant de 4 ans parce qu'il n'yavait pas de nourriture adaptée à mes intolérances.


Certains jours, je suis encore une petite fille.

Et je choisis de la laisser s'exprimer, ou non. 

De crier ses émotions, de faire un caprice. 

De vouloir ce qu'elle veut - ou ce qu'elle ne veut pas. 


J'ai l'impression d'avoir découvert le cheat code de la vie. 

La formule magique -

Je peux trouver du plaisir dans toutes sortes de situations -

Je peux choisir de les aborder depuis une certaine perspective -

De trouver de la curiosité à résoudre le puzzle - ou de décider qu'il n'y a rien à résoudre -

De transformer des situations challengeantes en cool histoires à raconter.


Ce qui est inconfortable, c'est la résistance. 


*pour les Français dans la salle, un "touski" au Québec c'est une recette où on met tous les restes du frigo

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